FAN CLUB OFFICIEL (1973-1995)

Extrait de 'Je vole...en chantant' (1978)


A plus ou moins brève échéance, un club se forme dans le sillage de toute vedette de la chanson ; Sardou n'échappe pas à la règle. Après plusieurs années de balbutiements, le "Club Michel Sardou" a été repris en 1975 par le manager du chanteur, Michel Olivier, le frère de Georges, l'organisateur des tournées. Cette association qui réunit quelques 6400 membres à la fin de 1978, est régie par la loi de 1971. A but non lucratif, le club est totalement indépendant du secteur commercial de "l'industrie" Sardou. Son activité et sa gestion sont assurées, bénévolement par les adhérents eux-mêmes, les responsables et la partie secrétariat étant rattachés directement au management de Michel Sardou.

Le club vit donc en totale autarcie. Ses sources de revenus sont assurées par les cotisations des membres dont le montant s'élève à 30FF fin 1978, de quoi payer les frais de papeterie, de timbres et d'impression du journal.

Comme chaque club qui se respecte, celui de Michel Sardou édite une revue entièrement consacrée à sa vedette et paraissant de façon assez sporadique, tous les trois ou quatre mois. Le "Journal de Michel", c'est son titre, est complété par un bulletin ronéotypé qui apporte plus régulièrement aux membres toutes les informations internes concernant les activités de Michel Sardou, les dates de ses tournées, et les lieux de passages, les petites annonces, ... Sous une présentation assez luxueuse, le journal est plus particulièrement destiné à marquer un événement : Olympia, ou tournée.

C'est Michel Sardou lui-même qui assure l'éditorial par le biais d'une lettre intitulée "Mes chers amis". Textes de chansons récentes, témoignages du compositeur ou du chef d'orchestre de Michel, interviews, complètent chaque numéro. La présentation d'un nouveau chanteur de l'écurie Olivier, vient s'ajouter le cas échéant ainsi que les petites annonces et les recettes de cuisine préférées de Michel. Un concours est parfois organisé. On y gagne un tee-shirt, un sac ou un carnet d'adresses, à l'effigie de Michel Sardou. Pour cela, il convient de répondre aux questions : "Michel avait donné trente et une représentations à l'Olympia, oui ou non ?" ou bien : "Le surnom du batteur de Michel est-il Zizi ?" etc...

Si l'adhésion au club Michel Sardou procure au nouveau membre une carte d'adhérent, un super poster en couleurs de Michel, un journal de Michel, le bulletin du club qui donne les toutes dernières nouvelles de Michel, et une photo dédicacée de Michel, il permet avant tout la communication entre ses membres et c'est en fait son rôle véritable. Grâce à lui, plusieurs milliers de garçons et filles peuvent communiquer non seulement de ville à ville mais entre pays différents. Michel Sardou compte en effet des fans en Belgique, en Suisse, au Luxembourg, en Afrique, au Liban, au Canada... Les adhérents forment une véritable chaîne, échangent du courrier, s'invitent mutuellement, passent les vacances ensemble. Des réunions sont même organisées; on y parle de Michel Sardou, de ses chansons, de ses idées, et ce qu'elles représentent, de tout ce qui peut intéresser les jeunes dans ce dernier quart de siècle.

Bien que le club compte des moins de dix ans et des plus de soixante, la majorité des membres est âgée de 16 à 18 ans avec une nette prédominance de filles (environ 80%). Le courrier reçu quotidiennement varie entre 20 et 30 lettres avec des pointes de 100 à l'occasion de la sortie d'un disque, de l'anniversaire ou de la fête de Michel. La proportion de déclarations d'amour est très faible, les fans préférant s'informer sur les activités et les projets de leur vedette ou même donner leur avis sur une chanson.

Très vite, il apparaît que la motivation réelle du fan est l'approche de son idole. Pourvoir lui parler, la toucher, et le but final et l'adhésion au club constitue la première étape. La photo dédicacée en est la première réponse. "Michel m'a envoyé sa photo signée, Michel me connait !".