MICHEL SARDOU AU THEATRE

Directeur du théâtre de la Porte Saint-Martin (2001-2004)

Michel Sardou et Jean-Claude Camus prennent la direction du Théâtre de la Porte Saint-Martin en juin 2001.


Les premières années...

L'Opéra de la Porte Saint-Martin voit le jour en 1781, sur décision de la Reine Marie-Antoinette. Sa construction par l'architecte Lenoir, fut réalisée en deux mois ! Pour respecter la royale exigence, Lenoir a mobilisé des centaines de compagnons et de corps de métiers, travaillant jour et nuit. Point n'est besoin de longues phrases pour donner la dimension de l'exploit : Première pierre le 26 août, inauguration officielle le 26 octobre, en présence de la Reine. C'est à Auguste Vestris, le plus célèbre danseur de l'époque, que revint l'honneur de cette première représentation. Hélas, douze ans plus tard, le 27 juillet 1794, la troupe lyrique quitte les locaux pour le nouvel Opéra de la Place Louvois, sonnant le glas de la Porte Saint-Martin.


Les années " classiques "...

Après quelques années d'oubli, l'Opéra de la Porte Saint-Martin renaît sous le nom de Théâtre de la Porte Saint-Martin grâce à un acteur-auteur, Dumaniant, qui le rachète au Domaine National le 27 septembre 1802. Première représentation : Pizarro ou la conquête du Pérou. Tout au long du Premier et du Second Empire, le Tout-Paris s'y montrera et applaudira des spectacles très variés. En 1831, le Théâtre trouve enfin sa véritable vocation en devenant le temple du Drame Romantique sous la houlette du talentueux et fantasque Harel. Le succès populaire est immense. Les auteurs connus accourent. Les plus grands comédiens sont sur scène. Alexandre Dumas, Victor Hugo y présentent leurs meilleures pièces devant un public ravi. Mais l'équilibre financier fait défaut et Harel doit jouer de toute son aura pour éviter la saisie et continuer à monter des spectacles avec brio... Il disparaîtra dans le dénuement et la solitude à la Maison de santé de Châtillon.


Les années " de renouveau "...

Construit en deux mois, le Théâtre de la Porte Saint-Martin va disparaître en quelques heures dans les flammes de la Commune de Paris. Mais après la vie, il y a la vie... Il renaît de ses cendres deux ans plus tard, en 1873, renouant avec l'affection des parisiens pour ce lieu mythique. Des pièces exceptionnelles furent créées au cours des années suivantes Cyrano de Bergerac, Les Deux Orphelines, Les Misérables, Théodora, Chanteclerc... qui contribuèrent à la réputation de qualité des auteurs et des comédiens français.

La première partie du XXème siècle fut marquée par une succession de pièces sans ton particulier, parfois opportunistes, aux succès inégaux : Le Général Boulanger, Valses de Vienne... On remarquera également Fernandel dans Ignace.

Mais à partir des années soixante, le Théâtre de la Porte Saint-Martin reprend une place de tout premier rang et participe au renouveau culturel amené par les Mouvements de mai 68 : Hair, Gospell, Mayflower y sont créés en France révélant de nouveaux talents venus de tous les horizons de la création artistique. De nombreux shows musicaux y furent présentés : Carole Laure et Lewis Furey, Harlem swing (de Fats Waller), La Petite boutique des horreurs, les Ballets Coppelia et Carmen de Roland Petit, Spectacle du Mime Marceau, Opérette Pacifico avec Bourvil et Georges Guétary, Envoyez la musique d'Annie Cordy, la comédie La belle Arabelle des Frères Jacques et Francis Blanche, Qui est cette femme ? avec Roger Pierre et Jean-Marc Thibault, Oscar avec Louis de Funès, Pas d'orchidées pour Miss Blandish de Robert Hossein, Ténor avec Michel Leeb, mise en scène Jean-Luc Moreau.

Le théâtre classique trouve également sa place dans cette programmation exceptionnelle avec les représentations des Trois mousquetaires (Grenier-Hussenot), de La dispute (Patrice Chereau), du Tartuffe (Roger Planchon), de L'école des femmes, du Misanthrope, de Dom Juan (Antoine Vitez) et bien d'autres...

La Comédie française y présentera même Les femmes savantes, Esther, Monsieur chasse, Le Dialogue des Carmélites.


Les années 90...

Les spectacles des dix dernières années ont été particulièrement salués par la critique et le public. La liste des succès serait longue mais mentionnons ici La peste d'Albert Camus (deux nominations aux Molières 1990) ; Le Misanthrope de Molière ; Célimène et le Cardinal de Jacques Rampal (sept nominations aux Molières 1992 et deux Molières) ; Knock de Jules Romain, dans une mise en scène de Pierre Mondy (deux nominations aux Molières 1993).

De 1994 à 1998, le Théâtre de la Porte Saint-Martin connait toute une série de succès : 400 représentations de Qui sait tout et Grobéta de Coline Serreau (sept nominations et quatre Molières); Lapin-lapin, toujours de Coline Serreau (six nominations aux Molières 96, un Molière) ; Master Class, de Terrence McNally dans une mise en scène de Roman Polanski (quatre nominations aux Molières 97) ; Bertrand Blier crée Les côtelettes dans une mise en scène de Bernard Murat (trois nominations aux Molières 1998) ; Une journée particulière d'Ettore Scola puis Le bel air de Londres de Dion Boucicaut (six nominations et un Molière 1999).


Les années 2000...

Le siècle s'achève tandis que le Théâtre de la Porte Saint-Martin présente Un fil à la patte de Georges Feydeau dans une mise en scène d'Alain Sachs (trois nominations aux Molières 2000). Cette même année, Francis Huster joue J'adore la vie d'Octave Mirbeau puis reprend La peste. L'ultima récital (Molière 1999 du Meilleur spectacle musical) clôture cette fin d'année de façon éblouissante et fin 2000, Jean-Louis Grinda et Claire Servais reprennent la célèbre comédie musicale Chantons sous la pluie.

Avec l'arrivée, en 2001, de Michel Sardou à la direction du théâtre accompagné dans cette aventure de Jean-Claude Camus, la Porte Saint-Martin renoue avec la tradition des artistes-directeurs. Après une rénovation importante des locaux pour mieux accueillir artistes et public, la création de structures de restauration et d'accueil dignes de cet établissement, Michele Laroque et Pierre Palmade triomphent dans Ils se sont aimés, avant de céder la place à Claude Brasseur pour Conversations avec mon père de Herb Gardner.

En septembre 2002, Michel Sardou et Brigitte Fossey créent L'homme en question dans une mise en scène de Jean-Luc Tardieu sur un texte de Félicien Marceau.

Ils prolongent par cette nouvelle création, la grande tradition de la comédie au Théâtre de la Porte Saint-Martin.

Durant toute l'année 2003 le Quatuor joue avec succès Sur la Corde Rêve (Molière 2003 du Meilleur spectacle musical). En janvier 2004, Pierre Mondy et Catherine Rich présentent Le Sénateur Fox d'après Luigi Lunari dans une mise en scène de Jean-Luc Tardieu.

Michel finira par quitter son poste de directeur du théâtre, et céder ses parts à Jean-Claude Camus en 2004.