BIOGRAPHIE 1960-1969

Michel Sardou, né le 26 janvier 1947 à Paris (17e arr.), est un chanteur, parolier, compositeur et acteur français.
Fils des comédiens Fernand Sardou et Jacqueline Labbé (Jackie Sardou de son nom de scène), petit-fils de Valentin (comique excentrique) et de Bagatelle (danseuse), Michel Sardou est le descendant d'une tradition familiale dans le monde du spectacle depuis le milieu du 19ème siècle.

Il est l'un des chanteurs français les plus populaires, si ce n'est le plus populaire, avec environ 350 chansons à son répertoire, de très nombreux succès, et 100 millions de disques vendus !

Il fête ses 50 ans de carrière de chanteur en 2015, son premier disque 'Le madras' est sorti le 10 novembre 1965.
Il est aussi un acteur très apprécié, au cinéma (1982, 1987, 1990) et au théâtre (6 pièces entre 1996 et 2016).

1960

Fernand ouvre le cabaret "Chez Fernand Sardou" le 7 septembre 1960.

Dans les coulisses de l'ABC, un music-hall aujourd'hui disparu, Michel rencontre Pierre Billon, le fils de Patachou, laquelle était la vedette d'une comédie musicale où jouaient également Fernand et Jackie Sardou. Michel et Pierre deviennent inséparables, deux frères. C'est le début d'une longue amitié. Plus tard, avant que la vie n'ait raison de leur amitié, ils se feront tatouer le même aigle sur le bras.

1963

Eté 1963, Michel passe l'été en Camargue auprès de son père sur le tournage de " D'où viens-tu Johnny ", le premier film dont Johnny Hallyday est la vedette, sous la direction de l'Américain Noël Howard. Michel est fou de bonheur. Il passe l'été de ses 15 ans auprès d'un jeune dieu vivant.
Cet été là, Michel écrit sa première chanson pour Johnny " Le dernier métro ". Evidemment Johnny ne la chantera jamais, mais il lui donne sa chemise. Et aux dires de Michel au début des années 2000, cette chemise, il l'a toujours.



1964

C'est le retour au pensionnat à la rentrée, toujours au collège du Montcel, institution réputée de Jouy-en-Josas, mais les études ne passionnent pas Michel.
Le film de Jean-Paul Belmondo "L'Homme de Rio" va le marquer. Une idée lui traverse l'esprit : "Et si j'allais à Rio, ville fascinante où tout est possible ?" Avec un copain, dont le père était assez riche, il cambriole un soir le coffre des parents du copain, de quoi payer le voyage ! Mais ils sont assez chics pour laisser un billet dans le coffre disant qu'ils allaient tout rembourser ! ! Avec l'argent en poche ils débarquent à Orly pour acheter les billets pour Rio. Ils veulent se rendre au Brésil " pour y monter une boîte de strip-tease ". L'employé leur demande de bien vouloir patienter un peu. Le temps qu'il faut en fait pour appeler la police et avertir les parents. Et c'est ainsi qu'un soir, le directeur de l'école téléphone Fernand à son cabaret : "Michel à fait le mur avec un camarade et se trouve à Orly ! ! !". Fernand récupère son fils à Orly !

Michel lui fait part de son refus de regagner le pensionnat. " Je veux travailler " décrète-t-il. Le lendemain Fernand cède : " Tu veux faire l'andouille et bien tu le feras pour de bon " !

Michel à 17 ans


Michel devient serveur-artiste dans le cabaret de son père. Entre deux services, il monte sur scène pour interpréter une parodie de " Pour moi la vie va commencer ", le succès de Johnny Hallyday. Le jeune Sardou s'en tire fort bien. Bientôt Fernand lui écrit des sketches.

Michel et Patachou


Michel chante dans le cabaret de son père et dans divers autres cabarets de la Butte Montmartre (Le Tire-Bouchon, Chez Patachou, Chez ma cousine...).

1965

En 1965, Fernand Sardou joue au Châtelet dans l'opérette à succès "L'Auberge du cheval blanc". Michel y vient souvent et il y a fait la connaissance d'une charmante danseuse : Françoise Pettre. Ils se marient à l'église Saint-Pierre de Montmartre. La réception a lieu dans le cabaret de ses parents, " Chez Fernand Sardou ". Lâché par son associé, Fernand Sardou sera contraint de fermer son cabaret peu de temps après.

Michel et Françoise (après 1965)

Le jeune couple s'installe dans une chambre de bonne. Dans la journée, Michel prend des cours de théâtre. Il est inscrit chez Raymond Girard, un des meilleurs professeurs de Paris, mais aussi chez Yves Furet, où il étudie essentiellement des pièces comiques le soir.
Le lit à deux places
Paris brûle-t-il

Michel apparaît alors comme figurant dans "Le lit à deux places" (dans le rôle d'un télégraphiste), un film avec Sylvia Koscina. Et on le retrouve aussi figurant dans "Paris brûle-t-il" avec Patrick Dewaere et Michel Fugain. Ils jouent trois étudiants qui tombent sous les balles nazis.
Les deux films sortent sur les écrans en 1966.

Michel à 18 ans
Michel à Montmartre à 18 ans


Michel chante dans divers cabarets sur la rive gauche. Il court le cachet pour cinquante francs la soirée. Il a fait tous les cabarets de Montmartre sans jamais sortir gagnant. Il s'essaye à la sauce Aznavour, mais cela ne prend pas. Puis se lance dans le rock, très en vogue en France, chante Brel... Cela permet d'arrondir les fins de mois et de payer les cours de théâtre, les temps sont durs.

Au cours de théâtre il rencontre Michel Fugain, avec qui il écrit quelques chansons. Michel n'a pas prévu d'en être l'interprète, mais il passe quand même des auditions, et il décroche un contrat chez Barclay !
Il enregistre un premier 45 tours qui sort le 10 novembre 1965. C'est un 45 tours 4 titres dont les paroles sont de Michel et la musique de Fugain : "L'arlequin", "Je n'ai jamais su dire", "Il pleut sur ma vie" et "Le Madras" écrit et composé par Patrice Laffont. Ce 45 tours passe inaperçu.

1er 45T 4 titres pour Michel Sardou



1966

Le 11 mars 1966, un deuxième 45T est publié chez Barclay (Les filles d'aujourd'hui - Les Beatnick - Dis-moi - Marie - Si je parle beaucoup).
Michel Fugain part vivre son propre destin et Michel Sardou crée les chansons suivantes avec Jacques Revaux. Jacques Revaux : encore un ami de jeunesse, un ami de la Butte, le fils du boucher de la rue des Abbesses où Michel allait acheter de la viande pour son berger allemand.
En juin, le trio Sardou/Revaux/Laffont publie un troisième 45T (Le visage de l'année - Raconte une histoire - Mods et rockers - Les 200 jours).
2ème 45T (mars 1966)
3ème 45T (juin 1966)

Malgré l'insuccès de ses premiers 45 tours, Michel est engagé à Bobino, en lever de rideau de François Deguelt. C'est sa première 'grande' salle. Il chante quelques chansons, dont le "Madras" et l'accueil est plutôt bon.

Mais Michel a oublié l'armée, il n'a pas répondu au recensement du Ministère des Armées qui a envoyé le courrier à une ancienne adresse. Mais l'armée, elle, n'a pas oublié Michel, et les gendarmes viennent l'arrêter à Bobino grâce aux affiches annonçant son passage. La mort dans l'âme l'artiste part faire ces classes à Montléry. Comme il est marié, il obtient vite l'autorisation de rentrer chez lui presque tous les soirs.

En définitive, il effectue dix-huit mois de service militaire (1966-1967), dont une bonne partie au "trou", donc aux arrêts (en cellule) pour indiscipline.
Cette expérience lui inspirera la chanson "Le rire du sergent", ayant été arrêté dans les coulisses de Bobino maquillé pour la scène.

Michel à l'armée


Un jour, Michel reçoit un télégramme de Paris, avec en bas du message la signature d'Eddy Barclay, qui lui annonce qu'il est sélectionné pour participer à "La Rose d'or d'Antibes". Michel débarque à Antibes, les cheveux ras, le visage blême marqué par des mois de répugnance extrême de l'armée, avec ce titre "Le Visage de l'année". Une chanson à l'antipode du visage pâle de son interprète. A la place des applaudissements, il est sifflé assez durement par le public, préférant Michel Polnareff qui ravit la Rose d'or. Michel est visiblement déçu mais admet que sa chanson n'est pas une perle. "Ma chanson est si plate", dit-il.

1967

En janvier 1967, Michel sort un quatrième 45T sort chez Barclay (Les ricains - Les moutons - Merci Seigneur - Le train de la dernière chance).
C'est le premier disque qui contient une chanson qui deviendra un succès (Les ricains). Mais en 1967, la chanson ne devient pas un tube. Elle se fait remarquer, car elle sort au moment où le Général De Gaulle condamne l'intervention américaine au Vietnam et demande le retrait des dernières troupes de l'OTAN stationnées en France (la France se retirant également de l'OTAN). La chanson fut boycottée par la gauche et par la droite, et déconseillée en radio.

4ème 45T en janvier 1967
5ème 45T en octobre 1967

En octobre 1967, Michel sort un cinquième 45T toujours sans succès (Tu as changé - 100000 universités - Petit - Les fougères). Le disque ne fonctionne toujours pas, mais 'Petit' deviendra un succès et sera la chanson préférée de Jackie.

1968

En 1968, Michel va commencer à étudier les ficelles du métier, avec 3h à 4h par jour de cours de chant. Et il sort deux nouveaux 45T de 4 titres au cours de l'année, toujours chez Barclay.

6ème 45T en mai 1968
7ème 45T en novembre 1968

Ces derniers titres auraient dû attirer l'attention de Barclay. Comment est-il possible que cette fois Barclay n'ait pas compris ? "Nous n'aurons pas d'enfant" passe sur toutes les ondes, fut n° 1 au hit-parade en Belgique, mais "l'intendance" ne suivit pas, le disque fût mal distribué. Cette fois, il fallait rompre.

Lassé de travailler avec des gens qui ne croyaient pas en lui, Fernand Sardou raconte :
Michel fit une crise et annonça au Napoléon du disque qu'il le quittait. On lui lance "qu'il n'était qu'un petit con... Et qu'il ne ferait jamais rien dans la chanson"

Michel et son père en 1968
Michel en 1968


1969

Michel Sardou est resté 4 ans chez Barclay. Mais Barclay n'a jamais compris Michel Sardou.

Michel raconte à propos d'Eddie Barclay :
Evidemment mes disques n'étaient pas bons, ça démarrait lentement... Mais enfin c'était son métier, il aurait dû se dire qu'il y avait peut-être des chansons intéressantes, des textes. Il faut être patient quelquefois.

Michel a enregistré 7 microsillons chez Barclay, soit 28 titres.

Michel Sardou est remercié de chez Barclay, en même temps que Pierre Perret !
Jacques Revaux et Régis Talar créent alors le label "Trema" (Talar Revaux Editions Musicales Associés), distribué par Philips, qui produira désormais les disques de Michel.

Jacques Revaux : compositeur et ami de Sardou depuis 1965, sous contrat avec une filiale des Editions Barclay, délaisse Barclay également avec Régis Talar, un dirigeant de celui-ci. Jacques Revaux, né en 1940, est sensibilisé très jeune par la musique. Après avoir reçu un enseignement de musique classique, il se tourne vers le Conservatoire de Paris. Parmi les quelques hautes pointures, il en est un qui interprète une chanson de Revaux : Frank Sinatra avec "My Way" (Comme d'habitude). Ce titre divulgue au monde entier le nom de Revaux. Fort de sa performance, il s'attache dorénavant à assister quelqu'un en qui il croit : Michel Sardou !

Revaux, c'est le contact carré, le cigare et la passion des chiffres. Talar, le regard, un charme discret et la passion du foot. Revaux et Talar : inséparables. Ils se veulent, professionnellement, parfaitement interchangeables. Et ils sont totalement différents.

Quand il se rencontrent en octobre 1962, Régis Talar travaille depuis un an chez Philips. Il a 22 ans. Ils ne le savent pas encore mais pour eux c'est "à la vie à la mort". Rien d'étonnant donc, si en quittant Philips pour Barclay en 1963, Talar y entraîne Revaux, et si en 1969, quand Michel est viré de chez Barclay, ils décident de s'en occuper ensemble.

Revaux et Talar :
On a cassé la tirelire, on a fait signer à Michel un contrat de 10 ans et on a enregistré un disque.

Tréma, une affaire vraiment née de l'amitié : c'est pour Michel qu'on l'a montée.
Les deux jeunes PDG partis de l'édition, et qui gravent aujourd'hui leur propre sillon, tiennent à ce que les choses soient bien claires.
Talar précise : Il y a Tréma et il y a Sardou
Et Revaux ajoute aussitôt : Mais il y a eu Tréma, parce qu'il y a eu Sardou

Michel Sardou a donc l'honneur d'inaugurer cette jeune maison en tant que premier artiste.

C'est notre artiste. C'est plus que NOTRE artiste c'est sa maison, en fait. Mais juridiquement il n'a rien à voir dans la société. Juridiquement, c'est un chanteur comme un autre

Affaire d'amitié et staff très familier, installés, bureaux et studios, près des Champs Elysées. Mme Revaux, mère de Jacques, secrétaire générale de direction, est un peu l'ange gardien de la maison : tout passe par ses mains. Alain Revaux, le frère, est directeur financier. Vic Talar manager. Et où on réussit - c'est rare - à conjuguer les rapports affectifs et la rigueur professionnelle. C'est dans ce souci qu'ils ont engagé, pour compléter leur équipe, plusieurs ex-chanteurs : Bourtayre, Gérard Melet ou Pierre Billon...

En septembre 1969, la nouvelle équipe Trema/Philips sort un 45T 2 titres (America America - Monsieur le Président de France).